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Le pastoralisme, un moyen pour lutter contre la dégradation des terres
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Le Séminaire des 20 ans du Comité Scientifique Français de la Désertification a été l'occasion de dresser le bilan des actions de lutte contre la désertification et de mettre en avant trois sujets majeurs : la restauration des espaces dégradés dans les régions arides et semi-arides, l’intensification agro-écologique de la production agricole dans ces mêmes régions et les évolutions du pastoralisme.
Ce séminaire a été organisé avec le soutien du FFEM et de l'AFD.
Pourquoi encourager la mobilité pastorale ?
Pourquoi encourager la mobilité pastorale ?
Dans le monde entier, y compris en Europe, l’élevage extensif et mobile du bétail, dit "pastoral" met en valeur la végétation naturelle de très vastes territoires.
Il utilise en effet toute la diversité botanique (des herbes aux arbres), sa grande variabilité saisonnière (en disponibilité et qualité nutritive : des repousses aux pailles), sa distribution géographique, des zones arides saharo-sahélienne aux zones soudano-guinéennes pour l’Afrique, ou des steppes de plaine aux sommets des montagnes en Méditerranée.
Des accords historiques, mais sans cesse ajustés entre les pasteurs, régissent les accès aux points d’eau et aux pâturages. D’autres accords entre les pasteurs et les agriculteurs permettent la vaine pâture des pailles après les récoltes, la fumure apportée par les troupeaux en constituant la contre-partie...
Aujourd’hui ces accords sont plus difficiles. Des espaces pastoraux se dégradent sous les effets conjugués du changement climatique et de pressions anthropiques. La mobilité des troupeaux est contrainte lors des périodes critique (saison sèche) par l’extension de l’agriculture, y compris irriguée. Des agriculteurs, eux-mêmes éleveurs désormais, se réservent les résidus de culture. La propriété des troupeaux change de mains. Les relations qui permettaient des accords sur le partage des communs pastoraux sont plus difficiles.
Pour une gestion commune et durable des territoires
Pour une gestion commune et durable des territoires
L’élevage pastoral n’est pas seulement une activité productive, économique, il est aussi le fondement de l’organisation de certaines communautés et de leurs relations avec d’autres.
Le pastoralisme est un système de liens sociaux et d’activités productives. Les transformations profondes que connaissent les régions à tradition pastorale (le climat, la démographie, le cloisonnement de l’espace...) peuvent être génératrices de tensions entre les communautés qui vont au-delà des petits conflits causés par le manque de vigilance des bergers ou les vols de bétail.
Le pastoralisme joue alors un rôle majeur car il contribue de manière irremplaçable à l’économie agraire des régions arides et de leurs voisinage (viande, lait, traction, fumure). Il permet une valorisation et une occupation de très vastes territoires.
Il participe à l’identité de communautés dont l’insertion dans les sociétés modernes doit faire l’objet d’une plus grande attention, qu’il s’agisse de la reconnaissance culturelle ou de l’accès aux services essentiels comme la santé et l’éducation, ou de leurs participations aux différents échelons de gouvernance territoriale. Le pastoralisme est un modèle d’adaptation à la variabilité du milieu et du climat.
Aussi, les transitions écologiques, démographiques et territoriales qui ont un impact sur ceux qui vivent du pastoralisme doivent être mieux comprises afin de mieux prendre en compte tout son potentiel pour une gestion durable des territoires, leur économie et leur stabilité sociale.
Analyser les évolutions en cours (les parcours, l’espace, l’eau, les troupeaux, les communautés) pour soutenir les évolutions indispensables (concertation, dialogue, information, démarcation, équipement, valorisation, information) sont des objectifs de projets soutenus par l’AFD et du FFEM, dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Quinze ans d’action de l’AFD dans le domaine de l’hydraulique pastorale au Tchad
L’intervention de l’AFD dans le domaine de l’hydraulique pastorale au Tchad s’est échelonnée sur une période de plus de vingt ans à travers huit projets, pour un coût total de 50 millions d’euros.
Les différents projets ont enrichi au fil du temps leur approche :
- Historiquement, des projets d’hydraulique pastorale classiques (études techniques, réalisations physiques)
- S'est ajoutée une composante d'appui organisationnel en matière de prévention et de gestion des conflits : accompagnement des négociations locales pour l’implantation des points d’eau, mise en place de mécanismes de concertation et d’arbitrage entre agriculteurs et éleveurs nomades et renforcement des capacités locales de gestion de l’espace et des ressources
- Une nouvelle phase en démarrage tient compte dorénavant des besoins sociaux des éleveurs transhumants (éducation, santé).
L’aménagement d’infrastructures d’hydraulique pastorale le long des axes de transhumance a facilité la mobilité pastorale et permis de réduire le surpâturage, et la dégradation des terres et de la biodiversité. Ces aménagements contribuent ainsi à retarder la descente des troupeaux vers les espaces agricoles du Sud et participent à la prévention des conflits potentiels avec d’autres activités.
Plus d'informations sur le projet.
Qu’est-ce-que le Comité Français de la Désertification ?
Créé en 1997, le CSFD est composé d’une vingtaine de membres, experts français d’organismes de recherche (IRD, Cirad, INRA…) et d’universités. Il a vocation à informer les décisions publiques et les acteurs du secteur sur les avancées de la recherche liées à la désertification et la dégradation des sols.